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Embarquement en Bolivie
4 août 2007

Sucre, samedi 4 août 2007

Potosi et ses mines

   Le 29 juillet en fin de journée, nous voilà donc à Potosi. Même si la ville est située à 4000 mètres d'altitude, il y fait moins froid qu'à Uyuni. Au soleil, il ferait même plutôt bon.
   Potosi était autrefois une des villes les plus riches du monde et elle garde de son prestigieux passé une architecture des plus intéressantes. Nous apprécions de nous retrouver dans une jolie ville, ça faisait longtemps. En plus, si notre hôtel est loin d'être luxueux, du moins la douche est chaude, ce qui après Uyuni nous semble presque être le paradis.

   De toute la ville, on aperçoit la silhouette du Cerro Rico, la Montagne Riche, raison d'être de Potosi. La ville fut fondée après la découverte d'un filon d'argent dans la montagne et pendant des siècles, les mines de Potosi financèrent l'empire espagnol. Pourtant, le Cerro Rico est également synonyme d'horreur et de mort puisqu'on estime qu'environ huit millions de personnes (des indigènes et des esclaves africains principalement) perdirent la vie en cherchant le précieux métal.

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   Aujourd'hui, le filon principal s'est tari et la ville n'a plus sa splendeur d'antan. Pourtant, quelques coopératives de mineurs continuent d'exploiter les mines de Potosi, à la recherche d'argent, de plomb, d'étain et de zinc. Ces mines se visitent et cela constitue une des attractions-phares des la ville. Comme il n'est pas question de se lancer seul dans la visite des galeries, c'est guidés par un ancien mineur que nous y nous effectuons un tour le mardi matin.

   L'excursion, très complète, commence par un tour au marché où l'on peut se procurer tout le matériel du parfait mineur de fond. Nous faisons l'acquisition de feuilles de coca, de sodas et de dynamite (!) pour en faire cadeau aux mineurs que nous croiserons, c'est la tradition. La mastication de feuilles de coca, à la fois coupe-faim et excitant, permet aux mineurs de mieux supporter leurs difficiles conditions de travail.

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   Nous nous dirigeons ensuite vers les "ingenios", le lieu où les métaux sont chimiquement séparés du minerai brut extrait de la mine. A voir l'endroit, on se dit qu'une bonne quantité de substances toxiques doit se trouver répandue dans la nature.

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   Enfin, dûment équipés du matériel de sécurité (bottes, pantalon, veste, casque et lampe) nous nous dirigeons vers les galeries pour environ deux heures d'exploration.

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   Bon, on se doutait que ça ne serait pas Disneyland mais il existe une différence importante entre savoir et voir. Et la lecture de Germinal assis dans un fauteuil ne peut préparer à la réalité de la mine, au fait de ramper dans les galeries dans une atmosphère quasi-irrespirable.

   Nous rendons d'abord visite au " Tío ", mélange du dieu aymara des profondeurs et du Diable occidental. Les mineurs s'attirent sa bienveillance en lui offrant alcool, feuilles de coca et cigarettes.

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   Ensuite, un foulard noué sur la bouche et le nez pour nous protéger partiellement des vapeurs toxiques (arsenic et poussière de silice principalement), nous nous glissons dans d'étroits boyaux qui nous amènent jusqu'aux lieux de travail des mineurs. Il y fait tour à tour froid puis très chaud, nous sommes souvent obligés de marcher accroupis ou à quatre pattes en bénissant notre casque quand nous heurtons le plafond.

   Tout en bas, nous voyons des travailleurs charrier du minerai dans de petits wagonnets mais la densité de poussière est telle que nous ne distinguons quasiment plus rien et que nous remontons par là où nous sommes descendus. Ca n'est pas le moment de faire une crise de claustrophobie ! Physiquement, le parcours est éprouvant. Le souffle rendu court par l'altitude et le manque d'oxygène, nous arrachons parfois nos foulards pour tenter de mieux respirer. Ce n'est que pour mieux le remettre tant l'air ambiant nous brûle la gorge.

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   A la sortie, nous savourons enfin l'air pur. Nous n'avons passé que deux heures dans la mine mais jusqu'au soir nous conserverons des voix enrouées et un bon mal de gorge. C'est incroyable de penser que des gens travaillent dans des conditions pareilles. Ils le payent d'ailleurs très cher, l'espérance de vie d'un foreur qui creuse les galeries au marteau-piqueur n'est que de deux ans avant de mourir de silicose...

   Rencontrer ces mineurs et les voir travailler restera une expérience inoubliable. On se demande comment la vie de ces hommes peut être considérée comme un prix acceptable à payer pour l'obtention du minerai. Et l'on réalise notre chance....

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   Avant de regagner la ville, nous avons droit à un cours express de terrorisme avec manipulation et explosion de dynamite.

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   Ce genre d'explosif est en vente libre dans tout le pays et pas toujours utilisé à des fins minières. Nous aurons plus tard l'occasion de constater que même de " pacifiques " enseignants l'utilisent pour donner plus de voix à leurs revendications lors de manifestations !  Conséquence : on évite soigneusement de croiser la route de tout défilé.

   Profondément marqués par cette visite, nous tentons quand même d'apprécier les charmes de Potosi au cours des deux jours qui suivent. Parmi les sites les plus intéressants, citons le joli couvent Santa Teresa, très bien mis en valeur et bénéficiant d'une intéressante visite guidée. La ville est remplie de couvents et d'églises !

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   Et puis nous visitons évidemment la Casa de la Moneda (l'Hôtel des Monnaies) de la ville aujourd'hui transformée en musée. C'est là que l'argent du Cerro Rico était fondu en lingots, passé aux laminoirs avant d'être frappé et envoyé en Espagne. Les machines de l'époque sont bien préservées et mises en valeur, l'endroit est beau et très agréable.

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   Ironie de l'histoire, nous apprenons qu'aujourd'hui c'est l'Espagne qui frappe la monnaie bolivienne...

   Pour occuper nos longues soirées d'hiver (c'est qu'il fait froid une fois le soleil couché), nous envisageons d'aller au cinéma mais les horaires et les films ne nous conviennent pas. Nous achetons donc un  DVD (un peu moins d'un euro) pour le regarder dans notre chambre sur le lecteur de l'ordinateur portable. Le film est nul (Spiderman 3) mais le  DVD est impeccable. On se demande pourquoi en Europe on nous embête tellement avec des questions de droits d'auteur alors que CD et DVD pirates sont en vente libre dans des boutiques ayant pignon sur rue dans tous les pays que nous avons traversés depuis le début de notre voyage. On peut acheter n'importe quel film dès sa sortie en salle aux Etats-Unis et à un prix dérisoire.

   Le jeudi après-midi, nous prenons un bus pour Sucre, à seulement trois heures de route de Potosi (un record pour le pays). Nous avons beaucoup apprécié notre séjour dans la ville. Nous y avons même trouvé ce qui manque à beau coup d'endroits ici : un beau café chauffé où déguster de délicieux chocolats chauds et cappuccinos. Clément est content, ça change du Nescafé !

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